Forum des droits de l’Homme : L’impératif d’égalité à l'occasion de la 21ème édition du festival Gnaoua
Forum des droits de l’Homme : L’impératif d’égalité à
l'occasion de la 21ème édition du festival Gnaoua
À l’occasion
de sa 21ème édition, le Festival Gnaoua et Musiques du Monde d’Essaouira et le
Conseil national des droits de l’Homme (CNDH) organisent, pour la septième
année consécutive, le Forum des droits de l’Homme durant les matinées du 22 et
23 juin 2018.
Depuis 2012,
ce forum est un espace de débat et d’échanges entre des intervenants nationaux
et internationaux sur des problématiques actuelles de nos sociétés. Après deux
premières éditions consacrées successivement à la jeunesse et à la culture,
l’Afrique a constitué trois ans durant la thématique centrale du forum
(histoire, femmes et diasporas africaines). L’édition de 2017 était consacrée
aux liens entre digital et culture et cette septième éditionest consacrée
à l’égalité et la parité.
Questions
transversales par excellence, l’égalité, la non-discrimination et la parité ont
fait l’objet de débats passionnés ces dernières années. Pour sa part, le CNDH y
a consacré plusieurs avis, rapports et activités en accompagnement du chantier
de mise en œuvre des dispositions constitutionnelles relatives aux droits des
femmes.
En effet,
depuis l’adoption de la constitution de 2011, qui a consacré l’égalité et la
lutte contre les discriminations à l’égard des femmes, plusieurs lois ont été
adoptées : loi n° 79.14 portant création de l’Autorité pour la parité et la
lutte contre toutes les formes de discrimination (APALD), loi n° 103/13
relative à la lutte contre les violences faites à l’égard des femmes, loi n°
78.14 qui a établi le Conseil consultatif de la famille et de l’enfance (CCFE)
et la loi n° 66-16 modifiant et complétant la loi n° 77-03 relative à la
communication audiovisuelle, qui consacre la promotion de la culture de
l’égalité entre les sexes et la lutte contre la discrimination basée sur le
sexe. Par ailleurs, et en réponse aux mobilisations du mouvement des droits des
femmes, les lois organiques relatives au Parlement et aux collectivités
territoriales ont permis de hisser la représentation des femmes dans les
instances élues au niveau national et territorial.
Toutefois,
les avancées réelles enregistrées dans l’ordre juridique interne ne se
traduisent malheureusement pas dans le quotidien des femmes, notamment les plus
vulnérables à la pauvreté et à l’exclusion. Dans un rapport intituléL’état
de l’égalité et de la parité au Maroc publié en 2015, le CNDH avait
rappelé ces avancées, mais avait noté une « évaporation
progressive des promesses constitutionnelles » et la persistance
de nombreuses discriminations légales et de fait. Le CNDH avait notamment mis
en exergue le retard dans l’installation des deux instances constitutionnelles
ayant pour objectif de contribuer à l’effectivité des dispositions relatives à
l’égalité de genre et à la parité dans tous les domaines (l’APALD et le CCFE).
En plus des
écarts entre hommes et femmes dans l’accès à l’emploi et aux activités
socio-économiques, de l’importante prévalence des violences subies par les
femmes dans l’espace privé et public, du droit des femmes à mettre fin à
une grossesse non désirée, de la liberté vestimentaire et du mariage des
mineures, etc., des débats passionnés ont marqué l’actualité des dernières
semaines. Considérée, dans un passé récent, comme tabou, la revendication de
l’égalité successorale dans le cadre d’une refonte globale et profonde du Code
de la famille et en conformité avec la constitution et les engagements
internationaux du Maroc, État partie à la CEDAW, fait désormais partie du débat
public.
L’occurrence
actuelle de ces débats, à la fois inédits et féconds, reflète les mutations
profondes de la société marocaine dont, parmi les plus significatives, la
baisse de la fécondité et son corollaire, la diminution de la taille des
ménages, la prédominance de la famille nucléaire, l’important recul de l’âge au
premier mariage et l’accès quasi paritaire des filles à l’éducation, notamment
en milieu urbain.
Mais ces
débats sont également l’expression des injustices et discriminations criantes
persistantes à la fois dans l’ordre juridique et dans les choix opérés par des
politiques publiques aveugles à la dimension genre et encore fortement
imprégnées du paradigme « Monsieur gagne-pain et madame au foyer ».
Ce sont ces
enjeux et défis que le Forum des droits de l’Homme qui se tient en marge de la
21ème édition du Festival Gnaoua et Musiques du Monde d’Essaouira, se propose
de débattre en y consacrant plusieurs moments déclinés en quatre grandes
questions.
1.
Egalité,
discriminations, parité : les notions, les conséquences
Lors des
débats qui ont précédé et suivi l’adoption de la constitution, la référence de
plusieurs acteurs publics gouvernementaux et non gouvernementaux, et parfois
même dans des travaux académiques, aux notions de discrimination, d’égalité et
parité est marquée du sceau de la confusion conceptuelle et de l’ambivalence.
Or, la question n’est pas anodine. Il ne s’agit pas d’une rhétorique académique
ou théorique mais d’enjeux importants car chacune de ces notions a des
implications et des prolongements dans l’ordre juridique national et dans les
politiques publiques.
2.
Des avancées
incontestables, des discriminations persistantes
Malgré la
présence accrue des femmes dans les différents espaces, et malgré les acquis en
termes de droits constitutionnels, elles sont loin de bénéficier des mêmes
droits que les hommes.
3.
Des sociétés
en mouvement : initiatives en faveur des droits des femmes.
Des
mutations sont en cours, la morphologie sociétale ne cesse de changer mais le
statut des femmes reste sclérosé. Exemples de bonnes pratiques …
4.
Les voies de la réforme
Ce panel
discutera des fondements et approches qui devraient présider à l’élaboration
des politiques publiques au niveau normatif, institutionnel et opérationnel
dans le domaine de la lutte contre les discriminations et de la promotion de la
parité entre les hommes et les femmes.
Aucun commentaire