Sa Majesté le Roi Mohammed VI adresse un discours au parlement- Discours intégral
Sa Majesté le Roi
Mohammed VI que Dieu l’assiste a adressé un discours au parlement à l’occasion
de l’ouverture de la 1-ère session de la 5-ème année législative de la 10-ème
législature et voici Texte intégral du
Discours royal
« Louange
à Dieu, Prière et salut sur le Prophète, Sa famille et Ses compagnons,
Mesdames, Messieurs les honorables parlementaires,
En ces circonstances exceptionnelles, Nous ouvrons la
présente année législative sous un format inédit.
A l’ordre du jour figurent de nombreux défis,
notamment ceux induits par la crise sanitaire qui sévit au Maroc comme dans le
reste du monde.
Dernière de la législature en cours, cette année exige
de votre part des efforts redoublés : il s’agira en effet pour vous de mener
votre mandat à bonne fin et de dresser le bilan de l’action que vous soumettrez
aux électeurs.
Comme vous le savez, cette crise présente de
persistantes conséquences sanitaires, économiques, sociales et psychologiques.
Dans ces conditions, pour préserver la santé et la
sécurité des citoyens, il est primordial de faire preuve d’une opiniâtre
vigilance et d’un engagement résolu en apportant au secteur sanitaire un
soutien indéfectible. Il importe d’œuvrer, concomitamment, à la stimulation de
l’activité économique et au renforcement de la protection sociale.
Mesdames, Messieurs les honorables parlementaires,
Cette crise a révélé un ensemble de
dysfonctionnements, de déficits et elle a eu un impact négatif sur l’économie
nationale et l’emploi.
C’est pourquoi Nous avons lancé un plan ambitieux de
relance économique et un grand projet de couverture sociale universelle. Nous
avons également souligné l’impératif d’appliquer les règles de bonne
gouvernance et la nécessité de réformer les établissements du secteur public.
Ces projets d’envergure sont de nature à enrayer les
effets de la crise et à favoriser la mise en œuvre optimale du modèle de développement
que Nous appelons de Nos vœux.
A cet égard, Nous plaçons le plan de relance
économique en tête des priorités de l’étape actuelle.
De fait, ce plan vise à soutenir les secteurs
productifs, notamment le tissu des petites et moyennes entreprises : il a pour
objet de rehausser leur capacité à investir, à créer des emplois et à préserver
les sources de revenu.
Pour garantir la réussite de ce plan, Nous avons porté
l’accent sur la nécessité de mener à bien son opérationnalisation dans un cadre
contractuel national, impliquant l’État ainsi que les partenaires économiques
et sociaux et se fondant sur le principe de corrélation entre droits et
obligations.
Jusqu’à présent, le soutien apporté aux entreprises
marocaines à l’aide du dispositif des prêts garantis par l’État a bénéficié à
plus de 20 mille d’entre elles, avec un montant avoisinant les 26 milliards 100
millions de dirhams.
Les entités bénéficiaires de ce soutien ont prouvé
leur résilience face à la crise dont elles sont parvenues à atténuer les effets
en préservant les emplois.
Par conséquent, ces efforts doivent se poursuivre,
tant de la part du secteur bancaire et de la Caisse Centrale de Garantie que du
côté des entreprises et de leurs associations professionnelles.
Mesdames, Messieurs les honorables parlementaires,
Le plan de relance économique repose sur le Fonds
d’investissement stratégique dont Nous avons préconisé la création et auquel
Nous avons décidé de donner le nom de « Fonds Mohammed VI pour l’Investissement
».
Nous souhaitons vivement que ce Fonds joue un rôle de
premier plan dans la promotion de l’investissement et le relèvement des
capacités de l’économie nationale. Il interviendra pour doter les secteurs
productifs du soutien nécessaire et pour financer et accompagner les grands projets
envisagés, dans le cadre de partenariats public-privé.
Afin que ce fonds puisse s’acquitter pleinement de sa
mission, Nous avons donné Nos Orientations pour qu’il soit doté de la
personnalité morale et des structures managériales adéquates, de manière à ce
que, in fine, il s’impose comme un modèle de bonne gouvernance, d’efficience et
de transparence.
Nous avons également donné Nos Directives pour que ce
fonds soit doté de 15 milliards de dirhams provenant du budget de l’État.
L’allocation de ces crédits incitera les partenaires marocains et
internationaux à accompagner les interventions du fonds et à contribuer aux
projets d’investissement à venir.
Ainsi, l’appui apporté au Plan de relance permettra
d’en amplifier l’impact économique, social et environnemental.
Selon les domaines jugés prioritaires à chaque étape
et, en fonction des besoins de chaque secteur, le Fonds s’appuiera, dans ses
interventions, sur des fonds sectoriels spécialisés qui lui sont rattachés.
Parmi ces domaines, citons la restructuration
industrielle, l’innovation et les activités à fort potentiel, les petites et
moyennes entreprises, les infrastructures, l’agriculture, le tourisme.
A cet égard, Nous tenons à souligner l’importance qui
doit être accordée à l’agriculture et au développement rural dans la dynamique
de relance économique.
Dans le contexte actuel, il convient de soutenir la
résilience de ce secteur-clé et d’accélérer la mise en œuvre de tous les
projets agricoles.
Outre la dynamisation de l’investissement et de
l’emploi, ce dispositif, adossé à la nouvelle stratégie agricole, contribuera à
la valorisation de la production agricole nationale et facilitera le processus
d’insertion professionnelle en milieu rural.
L’un des leviers essentiels de cette stratégie est
l’opération de mobilisation d’un million d’hectares de terres agricoles
collectives, au profit des investisseurs et des ayants droit.
Le volume des investissements attendus dans le cadre
de ce projet est estimé à environ 38 milliards de dirhams à moyen terme.
Cet effort d’investissement permettra de générer une
valeur ajoutée représentant annuellement l’équivalent de deux points
supplémentaires de PIB environ. Il favorisera également d’importantes créations
d’emplois au cours des prochaines années.
Pour cela, il convient de renforcer la coordination et
la collaboration entre les secteurs concernés et de mettre en place un
environnement incitatif à destination des jeunes du monde rural, par la
création d’entreprises et l’appui à la formation, notamment dans les métiers et
les services liés à l’agriculture.
Mesdames, Messieurs les honorables parlementaires,
Notre souci a toujours été que la dynamique de
développement économique soit articulée à la promotion du secteur social, à
l’amélioration des conditions de vie des citoyens.
Aussi avons-Nous appelé à la généralisation de la
couverture sociale au profit de tous les Marocains.
Ce projet national majeur, d’une nature inédite, se
décline en quatre axes-clés :
– Premièrement : étendre, d’ici la fin 2022 au plus
tard, la couverture médicale obligatoire, de sorte que 22 millions de
bénéficiaires additionnels accèdent à l’Assurance maladie de base qui couvre
les frais de soins, de médicaments, d’hospitalisation et de traitement.
– Deuxièmement : généraliser les allocations
familiales qui bénéficieront ainsi à près de sept millions d’enfants en âge de
scolarité, au profit de trois millions de familles.
– Troisièmement : élargir la base d’adhérents au
système de retraite en y incorporant environ cinq millions de Marocains parmi
la population active non titulaire d’un droit à une pension.
– Quatrièmement : généraliser l’accès à l’indemnité
pour perte d’emploi au profit des Marocains ayant un emploi régulier.
A cette fin, Nous appelons à une concertation élargie
avec l’ensemble des partenaires et à la mise en place d’un pilotage innovant et
efficace de ce projet sociétal, dans la perspective de créer un organe unifié
chargé de coordonner et de superviser les régimes de protection sociale.
Mesdames, Messieurs les honorables parlementaires,
Indépendamment de ses objectifs, la réussite de tout
plan ou projet est tributaire de l’adoption des principes de bonne gouvernance
et de reddition des comptes.
A cet égard, les institutions de l’État et les
entreprises publiques doivent montrer une attitude exemplaire et agir comme un
levier de développement, et non comme un frein.
Étant donné l’importance stratégique de ces
institutions, Nous appelons à une redéfinition substantielle et équilibrée du
secteur.
Par ailleurs, Notre souhait est que l’Agence chargée
de la supervision des participations de l’État et du suivi de leurs
performances joue un rôle-clé dans ce domaine.
De fait, le succès du plan de relance économique et la
mise en place d’un nouveau contrat social nécessitent une évolution réelle des
mentalités et un véritable changement dans le niveau de performance des
établissements publics.
À cet effet, Nous appelons le gouvernement à opérer
une révision profonde des critères et des procédures de nomination aux postes
supérieurs, afin d’inciter les compétences nationales à intégrer la fonction
publique et à la rendre, in fine, plus attractive.
Mesdames, Messieurs les honorables parlementaires,
Faire face à cette crise sans précédent, relever les
défis qui en découlent requièrent une mobilisation nationale générale et la
mutualisation de tous les efforts.
Par conséquent, Nous saisissons cet important
rendez-vous constitutionnel pour exhorter l’ensemble des institutions et des
forces vives de la Nation, et, au premier chef, le Parlement, à se hisser au
niveau des défis de la conjoncture actuelle et à répondre ainsi aux attentes
des citoyens.
En effet, dans le combat en faveur des intérêts de la
patrie et des citoyens, il importe de rappeler que, comme la responsabilité, le
succès doit être partagé ; il est l’affaire de tous, de chacun de nous, ou il
n’est pas.
Pour conclure, Je suis persuadé qu’ensemble, unis dans
le cadre national et solidaires à l’échelle sociale, nous saurons relever ce
défi.
« Et ne désespérez pas de la miséricorde d’Allah. Ce
sont seulement les gens mécréants qui désespèrent de la miséricorde d’Allah ».
Véridique est la parole de Dieu.
Wassalamou alaykoum warahmatou Allah
wabarakatouh ».
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