Le Conseil Supérieur de la Communication Audiovisuelle réaffirme l’importance de préserver la liberté de création
Suite à plusieurs plaintes concernant différentes œuvres
de fiction télévisuelle
Le Conseil Supérieur de la Communication Audiovisuelle réaffirme l’importance de préserver la liberté de création
La Haute Autorité de la Communication Audiovisuelle reçoit fréquemment des plaintes de particuliers, d'associations ou d'organisations professionnelles au motif que certaines œuvres de fiction diffusées sur les chaînes de télévision nationales comporteraient des scènes ou des dialogues qui seraient préjudiciables à l’image de certaines professions voire qui porteraient offense à leurs membres.
Pendant le mois de
Ramadan, une augmentation notable du nombre de ces plaintes est remarquée,
notamment en raison de la forte programmation d'œuvres de fiction nationale (séries,
sitcoms, films, etc.) pendant cette période caractérisée également par des
niveaux d’audiences élevés.
Après avoir étudié
l'ensemble de ces plaintes, délibéré et statué à leur sujet, le Conseil
Supérieur de la Communication
Audiovisuelle a décidé,
lors de sa réunion du 27 avril 2021, de mettre en exergue les points suivants :
• La liberté de
création artistique telle que garantie par la Constitution fait partie intégrante de la liberté de la communication audiovisuelle consacrée par
la loi n ° 77.03 relative à la communication audiovisuelle et par la loi n °
11.15 relative à la réorganisation de la Haute Autorité; Ce droit à la liberté doit
être garanti tout particulièrement quand il s’agit d’œuvres de fiction.
L'œuvre fictionnelle ne
peut s’accomplir ni prétendre à une valeur artistique sans une liberté
effective à tous les niveaux de la conception de l’œuvre : le scénario,
les situations, les scènes, les profils des personnages, les dialogues, etc. Cet
impératif de liberté est encore plus patent lorsqu'il s'agit d'œuvres comiques
ou parodiques.
• La représentation critique
d'une profession concernée dans une œuvre audiovisuelle de fiction ne constitue
pas une diffamation telle qu'elle est légalement définie, ni ne comprend
nécessairement une intention d’offenser ou de nuire. Elle renvoie en revanche
au droit de l’auteur de l’œuvre de faire, en toute liberté, les choix
artistiques qui lui conviennent.
Exiger, dès lors qu’il est
question de telle ou telle profession, que les fictions ne représentent que des
personnages positifs, honnêtes et intègres reviendrait à porter atteinte à la
liberté des auteurs et des opérateurs. Plus encore, une telle exhortation tend à
nier la responsabilité et le rôle salutaire des médias, notamment en termes d’exercice
du jugement critique à l’égard de phénomènes sociaux ainsi qu’en matière de
sensibilisation à l’égard de certains comportements et pratiques repréhensibles.
• Certaines plaintes auprès de la Haute Autorité de la Communication Audiovisuelle appellent à une
censure a priori contre les œuvres de fiction ou à intervenir a
posteriori pour arrêter leur diffusion par les télévisions. De telles
requêtes partent d’une représentation inexacte, à la fois, du concept de la
régulation des contenus médiatiques et du mandat institutionnel de la Haute
Autorité de la Communication Audiovisuelle.
La loi garantit en
effet aux radios et aux télévisions publiques et privées, la production et la
diffusion de leurs programmes en toute liberté. En outre, au titre de son
mandat constitutionnel, la Haute Autorité est chargée d'assurer le respect et
la protection de cette liberté en tant que principe fondamental, tout en
veillant à ce que tous les contenus diffusés, qu'ils soient fictionnels, informationnels
ou autres, respectent les principes des droits humains. C’est ainsi que l’instance de régulation
veille au respect dans les contenus médiatiques de principes aussi fondamentaux
que le principe de la présomption d’innocence, le respect de la vie privée, le respect de la dignité humaine... Les contenus médiatiques diffusés ne
doivent pas non plus inciter au racisme, à la haine ou à la violence ; ils
ne peuvent discriminer ou stigmatiser les femmes ni exposer l'enfant et le
jeune public à des risques physiques, psychologiques ou mentaux.
Le développement
continu d’une offre médiatique en phase avec les aspirations de toutes les
catégories socioculturelles du public destinataire reste un devoir constant des
services de radio et de télévision comme le dépôt de plaintes auprès du
régulateur à l’égard de cette offre est pour le citoyen un droit prévu par le
législateur. De même, qu’il n’est pas permis de perdre de vue que la
préservation de la liberté de création demeurera toujours une condition
essentielle pour promouvoir la qualité de la production artistique et médiatique.
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