Stockholm - interview exclusive avec le fondateur d’Alkompis en Suède: liberté d’expression, droite radicale, Sherine Abou Akla et bien d’autres sujets en toute transparence…. Vidéo
Stockholm - interview exclusive avec le fondateur
d’Alkompis en Suède: liberté d’expression,
droite radicale, Sherine Abou Akla et bien d’autres sujets en toute
transparence…. Vidéo
Par Bouchra CHAKIR
Nous avons reçu Dr. Mahmoud Saleh Agha, fondateur de la
première organisation médiatique arabophone basée en Suède, qui a bien voulu
nous parler des motifs de la création de cette entreprise, ses débuts,
l’intégrations des immigrés venant des pays arabes et surtout celle des
nouvelles générations, la montée en puissance de l’extrême droite qui risque de
donner le glas de l’exceptionnalisme suédois, Sherine Abou Akla et bien
d’autres sujets
Je suis Mahmoud Agha, fondateur de l’entreprise média Alkompis, je suis
palestinien d’origine, je vivais avant en Syrie, je vis en Suède depuis 32 ans,
l’idée de créer Alkompis est venue du besoin d’acquérir une information exacte,
surtout que la langue suédoise est difficile et demande du temps pour l’apprendre
et nous avons besoin de connaitre la société dans laquelle nous vivons, il
était nécessaire alors de fournir ces informations en utilisant notre langue
maternelle de façon correcte et loin des fake news
Cette organisation a commencé en 2011, mais le lancement officiel était
en 2012, c’était un projet modeste au début, je n’ai jamais cru qu’elle puisse
avoir un jour cette ampleur qu’elle a maintenant, au début, nous visions les
arabophones résidant en Suède, mais nous avions constaté un intérêt de la part
de certains pays arabes aussi, nous avons plusieurs abonnés de plusieurs pays,
des marocains aussi..
Au début, nous avions commencé par un site d’information et le projet s’est
développé pour créer ensuite une radio, et des produits audiovisuels, et un
journal imprimé pour ceux qui ne maitrisent pas encore le digital, surtout les
personnes âgés qui aiment lire, afin qu’ils puissent rester au courant de
toutes les nouveautés…
Notre premier intérêt va avant tout aux infos générales, importantes au
niveau national ici en Suède, des infos locales aussi qui peuvent favoriser l’intégration,
comme les nouvelles lois, les évènements des municipalités et des arrondissements,
le parlement etc… Nous réalisons des interviews avec des responsables, des
experts, des politiciens, des ministres aussi, pour que l’info puisse être plus
claire et si il y a un évènement important, on peut le couvrir de façon plus
vaste sur plusieurs niveaux, pour que l’info soit généralisée et accessible à
plus de nombre de nos abonnés qui nous suivent de partout
- Le financement
et la continuité
La continuité et la durabilité étaient parmi nos grandes préoccupations
depuis le début, mais nous avion voulu délibérément compter sur nos propres efforts,
sans lier notre projet à des programmes de subventions, aides ou dons, pour que
nous puissions apporter un produit indépendant et de qualité, comme ça, nous
avions pu atteindre plus d’abonnés et gagner plus de trafique et ce segment de
la population que nous visions, a attiré l’intérêt des établissements Etatiques,
des organismes publics et privés, pour eux, il s’agissait d’une tranche
importante des consommateurs, qui consomment l’information mais également, les
services et les produits, et de ce fait, plusieurs entreprises publiques et
privées sont venues vers nous pour diffuser leurs publicités via nos produits
médias pour avoir plus de visibilité au sein de la société suédoise
-
Votre rôle pour
atténuer la montée en puissance de l’extrême droite
C’est un sujet important et la presse joue un rôle important qui peut atténuer
l’effet de ces phénomènes racistes, et on peut jouer plusieurs rôles, le
premier et le principal, consiste à aider les gens à s’intégrer dans une
nouvelle société en leur fournissant des infos véridiques, car si on a l’info
juste, on peut éviter des discours ou des erreurs qui peuvent être exploités
par la droite radicale qui guette toute erreur de la part d’un étranger pour le
généraliser sur tous les citoyens d’origine étrangère.
Malheureusement, nous avons ici, ce genre de médias qui alimentent la
haine et le racisme, qui utilisent toujours les prénoms de (Mohammed, Ahmed ou
Said), cités dans la plupart des crimes observés ici, et ça peut jouer un rôle
provocateur et notre rôle est de prévenir nos abonnés du danger de ces nouveaux
phénomènes liés à la droite radicale et de la nécessite de ne pas tomber dans
le piège et de leur donner des motifs qu’ils peuvent utiliser contre nous, les
aider à connaitre leurs droits dans une société où la loi traite tout le monde
sur un pied d’égalité quel que soit son origine, il n y’a pas de différence
entre un suédois de naissance et un autre descendant d’un autre pays, il y aura
forcément une petite disparité entre le résident et celui qui détient la nationalité,
mais parlant d’être humain, vous avez tous les droits de façon partielle sans
distinction, ceci est garanti par la loi et la constitution suédoises…
- Y a-t-il une
pression sur les médias étrangers en Suède, ou le plafond des libertés est égal
?
Il est certain que le plafond des libertés est égal, mais parfois, il y
a ceux qui utilisent mal leur droit à la libre expression et Ils profitent
indûment de ces libertés, comme ce danois qui menace tout le temps de bruler le
coran, mais nous avions toujours attirer l’attention sur le fait de ne pas se
laisser emporter et de ne pas se laisser entraîner par cet acte provocateur afin
de ne pas lui donner une excuse pour atteindre son objectif et présenter les musulmans
comme des groupes indisciplinés et nous avions effectivement réussi à le faire
car les voix conscientes sont devenues plus abondantes et ils ont pu cerner cet
extrémiste, la dernière fois, il s’est retrouvé seul au milieu d’une place,
sans personne pour l’applaudir ou s’opposer à lui.
Certains nouveaux immigrés aussi, abusent de ces libertés, et utilisent
les médias sociaux pour lancer des
calomnies et insulter les autres
- Pourtant la
loi suédoise ne condamne pas ce genre d’actes sur les réseaux sociaux ?
Oui, effectivement, en Suède, ils s'appuient sur la sensibilisation de
la communauté, mais il y a certains qui vont au-delà de la diffamation, ce qui
peut porter l’affaire à une question juridique
- L’assassinat
de la journaliste palestinienne Sherine Abou Akla, a-t-il eu une réaction de la
part de la société et les médias suédois?
Malheureusement, la réaction n'a pas été à la hauteur de l'acte, peut-être,
est-ce dû au déclin de la cause palestinienne pour plusieurs raisons que tout
le monde connait d’ailleurs. Certains médias suédois ont écrit sur ça en toute
objectivité mais peut être que si elle était d’une autre nationalité, la
réaction aurait été plus forte…
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