Essaouira: La pensée de Kant, plus actuelle que jamais (M. Azoulay)
Essaouira: La pensée de Kant,
plus actuelle que jamais (M. Azoulay)
Ati Mag/ MAP
Essaouira – “La pensée de Kant est plus actuelle
que jamais”, a affirmé, vendredi, le Conseiller de SM le Roi et Président
fondateur de l’Association Essaouira-Mogador, André Azoulay, lors d’un
colloque international dont les travaux se sont prolongés tout au long du
weekend à Essaouira, avec la participation d’un parterre d’éminentes
personnalités des sphères académiques, scientifiques et culturelles.
S’exprimant par visioconférence lors de cette
rencontre scientifique célébrant le tricentenaire de la naissance de Kant, l’un
des plus grands penseurs de l’histoire occidentale, M. Azoulay a relevé que
“trois siècles après sa naissance, la pensée de Kant est plus d’actualité que
jamais et elle nous est particulièrement précieuse en ces temps où tout autour
de nous fleurissent et renaissent tellement de régressions et d’archaïsmes”.
“Des archaïsmes qui sont aux antipodes de ce que
disait et écrivait, à la fin du 18e siècle, le grand philosophe allemand”, a
souligné M. Azoulay, en rappelant la prophétie de Kant, pour qui “respecter
l’humanité en autrui était la voie la plus directe et la plus sûre pour se
respecter soi-même”.
“Ce postulat kantien résonne particulièrement fort
lorsque l’on se trouve à Essaouira, et plus précisément à Bayt Dakira qui
incarne par excellence la place que notre pays, fort du leadership de SM le Roi
Mohammed VI, a su donner à la culture marocaine de l’altérité raisonnée et
inspirée, ainsi qu’à la diversité, réacteur central de la singularité et de la
modernité sociale du Royaume”, a enchainé M. Azoulay.
“Rendez-vous souiri indicible et improbable, ce forum
kantien à Bayt Dakira trouve toute sa légitimité lorsque l’on prend la juste
mesure de tous ces rendez-vous manqués par un monde qui, trop souvent, tourne
le dos à l’universalité des droits humains les plus fondamentaux, lesquels
n’ont de sens que lorsqu’ils sont reconnus pour tous et éligibles à tous”,
a fait observer le Conseiller de SM le Roi.
“Là aussi, la pensée kantienne est chez elle à
Essaouira”, a ajouté M. Azoulay, faisant remarquer qu’”il y a longtemps que
l’on a compris qu’après Kant on ne pouvait plus penser comme avant Kant, qui, à
la fin du 18e siècle, appelait déjà à l’urgence de mettre la rationalité de la
pensée au service de l’idéal de l’universalité et de la paix”.
Pour M. Azoulay, “ce constat garde toute sa pertinence
et fait écho à un autre crédo que Kant résume en trois questions; Que dois-je
faire ? Que dois-je apprendre ? Que dois-je espérer ?”
“Une invite à la réflexion, à l’éducation et à
l’éthique, trilogie existentielle que la Cité des Alizés s’efforce de faire
sienne depuis la nuit des temps”, a souligné pour conclure M. Azoulay.
De son côté, Abdellah Ouzitane, président-fondateur du
Centre d’études et de recherches sur le droit hébraïque au Maroc, a mis en
relief la pertinence de cette célébration du tricentenaire de Kant, qu’il
considère comme “un symbole de rationalité et d’humanité”, insistant sur
l’importance pour les chercheurs de revisiter les idées de Kant pour éclairer
les désordres actuels et renforcer l’idée d’une humanité partagée.
“Le Maroc, sous la conduite éclairée de SM le Roi
Mohammed VI, fidèle à ses engagements pour la paix et le respect de toutes les
sensibilités, démontre ici sa volonté de favoriser une réflexion philosophique
profonde, en mettant l’humain au centre de toute action”, a-t-il affirmé dans
une déclaration à la presse.
Pour sa part, Farid El Bacha, Président de
l’Université Mohammed V de Rabat, a mis en avant l’importance de la pensée
kantienne dans le contexte actuel, notant que les idées de Kant offrent des
outils précieux pour réfléchir aux défis sociétaux contemporains, notamment en
matière de coexistence pacifique et de respect des droits humains.
“Dans un monde où les tensions se multiplient, il est
essentiel de revenir aux valeurs fondamentales que Kant défendait, telles que
la raison et la dignité humaine”, a ajouté M. El Bacha, également fondateur de
la Maison Maroc pour la paix et la tolérance.
Prenant la parole à son tour, le maire de la ville de
Tétouan, Mustapha El Bakkouri, a mis en évidence le rôle essentiel de la
philosophie dans la construction d’une société éclairée, appelant les
participants à réfléchir à la manière dont les valeurs kantiennes peuvent être
intégrées dans les réalités contemporaines pour favoriser un climat de
tolérance et de respect mutuel.
Même son de cloche chez Aziz El Aidi, Chargé de
la coopération Européenne et internationale à la fondation allemande Konrad
Adenauer-Stiftung, qui a exprimé sa conviction que les idées de Kant, en tant
que fervent défenseur de la rationalité et de la morale, demeurent d’une
pertinence vitale pour les sociétés contemporaines en quête de paix et de
cohésion sociale.
D’autre intervenants ont, de leur côté, insisté sur le
fait que la rationalité critique et l’éthique universelle prônées par Kant
offrent des repères essentiels dans un monde marqué par des crises multiples,
où l’individualisme et l’intolérance menacent le vivre-ensemble.
Les conférenciers ont également échangé sur la
responsabilité des institutions académiques et culturelles à transmettre
l’héritage kantien aux jeunes générations, afin de nourrir une culture de
dialogue et de respect mutuel, notant que la pensée kantienne, bien que vieille
de trois siècles, reste une boussole pour comprendre les relations humaines et
les fondements de la coexistence pacifique.
Co-organisée par le Centre d’études et de recherches
sur la culture et le droit hébraïques au Maroc, la Fondation Konrad
Adenauer-Maroc et l’Association Essaouira Mogador, cette rencontre scientifique
(25-26 octobre) a débattu de la pensée Kantienne en lien avec les transitions
contemporaines éthiques, culturelles et sociales.
Placé sous le thème “La raison et la pensée comme
principes de l’action humaine”, ce colloque international a offert l’occasion
d’explorer en profondeur la pertinence de la pensée de Kant face aux défis
actuels, tels que la paix, la dignité humaine, la raison et la coexistence des
cultures.
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